Voila un article interessant sur l'ajax qui malheureusement est vrai pour l'ajax en ce moment.
Il y a des clubs en Europe dont il faudra un jour expliquer à nos enfants qu’ils ont aussi été des grands d’Europe et non de simples faire-valoir en Coupe d’Europe. Dans cette liste des mythes déchus, on trouvera assurément Anderlecht, Benfica, le Steaua Bucarest et surtout le grand Ajax d’Amsterdam qui a fait rêver et fantasmer des générations entières. Vainqueur de quatre coupes ou ligues des Champions et d’une coupe de l’UEFA (plus de la défunte coupe des coupes), l’Ajax dispose d’un palmarès exceptionnel. A titre de comparaison, Manchester United n’a remporté que trois Ligue des Champions et le Barça seulement deux. Bref, l’Ajax est un club qui se situe dans le Panthéon des grands d’Europe qui de surcroit a marqué plusieurs époques.
Invincibles sous le règne Rinus Michel avec des joueurs comme Cruyff, Rep ou Neeskens, cet Ajax a le beau rôle dans les années 70 avec son football total. Symbole de cette domination et de son football enchanteresque, la finale de 1972 face à l’Inter et son catenacio. Deux visions du football. Presque une caricature. L’Ajax porté vers l’avant contre l’étriqué Inter. Les Bataves s’imposeront (2-0) et resteront à tout jamais l’équipe qui a mis à bas l’immonde contre football cynique qu’est le catenaccio. Rencontrer l’Ajax, c’est aussi rencontré cette tradition de jeu que l’on enseigne à l’école de football dès le plus jeune âge.
1972, année hermétique ?
Car la formation a toujours été le crédo de ce club. C’est celle-ci qui lui à permis d’enlever la ligue des Champions de 1995 face à Milan puis d’arriver en finale l’année suivante (face à la Juve). A cette époque, les Kluivert, Litmanen, Seedorf, Davids, Musampa, Van der Saar et autres De Boer, Blind et le revenant Riijkaard marchent sur l’Europe avec insouciance. 1995, une belle année de football décidemment avec le titre en France des Nantais qui eux aussi, cette année là, pratiquaient un football chatoyant proche des Néerlandais. Mais 1995, c’est aussi le creuset de l’Ajax, son enterrement.
Car 1995, rime avec Bosman et sa dérégulation complète du marché européen. Là où l’Ajax perdait seulement quelques individualités de temps à autre (Van Basten, Berkamp…), 1995 a sonné le glas d’une équipe qui pouvait maturer pendant plusieurs années avant d’éclore d’un coup d’un seul. Car depuis cette date, ce sont des pans entiers de l’équipe qui années après années viennent monnayer leur talent sous des cieux plus garnis de billets. Il ne reste plus qu’à l’Ajax de devenir une sorte de grand centre de formation pour les puissants qui viennent se servir à loisir. Ainsi, on vient de l’Europe entière voir les jeunes pousses de l’ArenA mais on sait qu’ils n’y resteront guère.
L’école du beau football
Grandeur et décadence de ce grand Ajax qui depuis plusieurs années à pourtant vu passer de sacrés talents comme Ibrahimovic, Huntelaar… Pourtant, le club est structuré avec un magnifique centre d’entrainement, un stade réussi (l’ArenA qui est partiellement couvert). Mais rien n’y fait, les moyens financiers de l’Ajax sont moindres que ceux de Manchester, Chelsea, du Réal… Etriqué dans son minuscule championnat des Pays-Bas, l’Ajax touche des droits télé qui ne lui permettent plus de suivre dans l’Europe de la course à l’armement. Seule solution envisagée, créer une ligue du Benelux avec la Belgique afin de redonner quelques moyens à quelques vielles gloires.
Pourtant, le PSV Eidovhen de Guus Hindink a montré en 2005 (demi-finale de la ligue des champions) qu’un club Néerlandais pouvait encore faire tremble l’Europe. Mais le succès a été éphémère avec l’inévitable dispersion des joueurs à travers l’Europe. Condamné à vivoter, l’Ajax est un mythe que l’on reçoit avec faste mais dont on sait qu’il est rongé par les mites. Ce soir, les Marseillais dérouleront le tapis rouge à ce qu’il reste de ce grand Ajax. Largué en championnat, il ne lui reste que l’Europe. Une élimination ferait encore plus pâlir la légende. D’une lune aveuglante, l’Ajax est aujourd’hui un astéroïde en perdition.