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« le: 04 mars 2006, 11:27:29 »
Avoir certains des meilleurs joueurs au monde ne signifie pas obligatoirement avoir une équipe nationale forte. Ce paradoxe en apparence est la dure réalité au Surinam.
La liste est impressionnante - Edgar Davids, Patrick Kluivert, Clarence Seedorf, Ruud Gullit et Frank Rijkaard. Ils ont joué ou jouent en sélection nationale néerlandaise et dans des clubs européens de premier ordre. Ils sont nés au Surinam, mais n'y sont pas restés assez longtemps pour faire impression. Beaucoup de futures stars ont émigré aux Pays-Bas quand leurs familles tentaient d'améliorer leur sort. Entre-temps, leur pays d'origine souffre et reste à la traîne du football international.
Le Surinam ne s'est jamais qualifié pour la Coupe du Monde de la FIFA, pour les Tournois Olympiques de Football, ni aucune compétition de la FIFA. "Le Surinam brille par des talents exposés dans le monde entier ", déclare le milieu de terrain de la l'équipe nationale et ancien capitaine, Orlando Grootfaam. "Si nous avions l'infrastructure adéquate, nous afficherions encore plus de talents. Nous avons un grand potentiel dormant. Il n'a tout simplement pas la possibilité de se développer".
Le Surinam est situé sur la côte nord-est de l'Amérique du Sud, mais appartient à la CONCACAF, pas à la CONMEBOL. Il peine au sein de la CONCACAF, mais serait laminé en Amérique du Sud. "Etant donné notre niveau, nous avons estimé qu'il serait bon de commencer à la CONCACAF, où les niveaux sont différents", déclare le Secrétaire Général Ewald Gefferie. "Nous avons envisagé de participer à la compétition sud-américaine, mais il est plus prudent de ne pas débuter face à ces géants."
De la passion à revendre
Les années de gloire remontent à la fin des années 70 lorsque le Surinam passa le premier tour des éliminatoires de la CONCACAF pour la Coupe du Monde 1978 en éliminant Trinité-et-Tobago et Guyana. Il ne gagna aucun des cinq matches du tour final. Atteindre le niveau de la Jamaïque, qualifiée pour sa première Coupe en 1998, ou même de Trinité, qui ne s'est jamais qualifiée pour la terre promise du football, serait déjà un grand accomplissement.
"Je ne pense pas que nous passerons les éliminatoires", dit Rodney van Engel, milieu de terrain de l'équipe nationale qui a joué en amateur au C.C. Capelle de Rotterdam et tente une carrière professionnelle en Belgique. "Nous faisons deux pas en avant et deux pas en arrière. Nous n'avons pas la force de percer comme la Jamaïque ou Trinité-et-Tobago. Mais nous pourrions y parvenir avec le temps, et un peu plus d'investissements."
La fédération n'a pas beaucoup d'argent. Il lui faudrait un sponsor important pour lancer des programmes destinés à la jeunesse. Il serait bon d'avoir aussi un régime constant à la Surinaamse Voetbal Bond (SVB).
"Le programme pour l'équipe nationale manque de constance", estime Grootfaam. "Les personnes et les systèmes changent à chaque élection. Certains sont bons." L'absence de ligue professionnelle ne facilite pas les choses. Tous les joueurs sont amateurs et les 13 clubs de la ligue nationale jouent le vendredi, samedi et dimanche. De nombreux joueurs vont à l'école ou travaillent le jour et s'entraînent le soir trois fois par semaine, avec leur club ou l'équipe nationale. "Les joueurs ne sont pas rémunérés pour leurs efforts, mais leur passion est sans faille."
Une seule défaite
Le président de la SVB, Louis Giskus, a compris qu'il serait difficile de se qualifier en l'état actuel des choses. "Il faut beaucoup s'entraîner, et de l'expérience aussi", dit Giskus en pensant aux nombreux adversaires de la CONCACAF. "Ici, nous sommes amateurs. Les garçons travaillent le jour. Le soir, ils s'entraînent trois heures, trois ou quatre fois la semaine. Il y a une différence entre amateur et professionnel."
Le Surinam a des plans à long terme et à moyen terme. De jeunes talents doivent émerger à long terme. A court terme, il faut un entraîneur étranger - le second de l'histoire du pays. L'Uruguayen Edgardo Baldi, qui a beaucoup voyagé (Nicaragua, Brésil, Panama, Bolivie), dirige l'équipe depuis novembre 2003. Il a plusieurs fois repris des clubs en bas de l'échelle pour leur donner une allure au moins respectable.
Depuis l'arrivée de Baldi, le Surinam a perdu un seul match amical sur 20 contre des équipes locales.
L'équipe s'entraîne et joue au stade Andre Kamperveen, du nom du fondateur de l'Union Caribéenne de Football, assassiné en 1982. Avec sa capacité de 15 000 spectateurs, le stade a connu des jours meilleurs, mais les supporters affluent pour les matches importants.
Baldi a relevé le niveau de l'équipe nationale, qui a battu Aruba 10:2 en valeur cumulée : 2:1 à l'extérieur et 8:1 à domicile. Mais la réalité est apparue face aux professionnels du Guatemala au second tour. Après un nul, 1:1 à domicile, le Surinam s'est incliné 3:1 au Guatemala.