Quelques anecdotes a son sujet :"Suite à l'insurrection avortée d'octobre 1956 à Budapest, il refuse de rentrer en Hongrie avec le reste de l'équipe du Budapest Honvéd : il écope, dès lors, d'une suspension d'un an et prend durant ce laps de temps plus de vingt kilos. Cela ne l'empêche pas de rejoindre le Real Madrid (qui lui faisait des offres depuis plusieurs années) et d'en devenir l'une des plus grandes légendes.""Lors des discussions concernant son contrat d'entraineur au Panathinaïkos, Puskàs demande, en guise de boutade, combien il touchera s'il parvient en finale de coupe d'Europe. Les dirigeants grecs, le prenant au mot, ajoutent un paragraphe à son contrat lui promettant une énorme prime dans ce cas de figure. Il atteint la finale, perd mais touche sa prime."(J'aime beaucoup celle la
)
"Il déclara au soir de sa défaite en finale de coupe du monde «En six ans, nous n'avons perdu qu'un match mais c'était le plus important»." Et une hommage avec un certain Angleterre/Hongrie Le 25 novembre 1953 à Wembley, onze footballeurs hongrois viennent bousculer les certitudes footballistiques de l’orgueilleuse Angleterre. Le match du siècle annoncé se transforme en un cavalier seul qui fera date.
par Richard N., Xav73 - vendredi 17 novembre 2006
Jusqu’alors, la suprématie du football britannique ne faisait aucun doute. Bien sûr, la déroute du onze anglais lors de sa première participation à la Coupe du Monde, en 1950, laissait entrevoir les prémices d’un déclin. Mais lorsque l’équipe de Hongrie se rend le 25 novembre 1953 à Wembley, on doute que celle-ci fasse tomber l’Angleterre dans son jardin. Pourtant, cette Aranycsapat ("équipe en or" en magyar) est invaincue depuis 1950 (20 victoires en 24 matches...) et a remporté le tournoi olympique des Jeux d’Helsinki en 1952 au terme d’une épreuve qui signifiait encore quelque chose à l’époque. Les joueurs hongrois eux-même ont quelques doutes avant d’affronter l’Angleterre, selon Jenõ Buzánszky, l’arrière droit à vocation offensive de la Hongrie : "Avant cette rencontre, nous avions fait match nul 2-2 contre la Suède à Budapest. C’était très mauvais signe parce que nous pensions que les Scandinaves jouaient dans un style semblable à celui des Anglais. Il y avait énormément de tension dans l’équipe car nous pensions que l’équipe anglaise s’imposerait facilement à domicile".
Ce "Match du siècle" comme on aimait l’appeler à l’époque, avait été imaginé par Stanley Rous. Dès la fin des JO d’Helsinki, le secrétaire de la Fédération Anglaise avait envoyé une invitation à son homologue magyare, pour un rendez-vous qui excita les imaginations. Il devient d’ailleurs, dans l’esprit des sélectionneurs respectifs, l’objectif numéro un de la saison. Dès le mercredi précédent le match, la délégation hongroise quitta la gare de Budapest sous les acclamations de la foule. Après quarante heures de voyage, elle débarqua à Paris, gare de l’Est. Gusztáv Sebes, le sélectionneur hongrois, n’avait pas oublié qu’il fut ajusteur pendant six ans aux usines Renault de Billancourt. C’est avec plaisir qu’il renoua ses relations autour de la capitale française afin de préparer au mieux la rencontre. Le stade Marcel-Bec, dans une clairière de la forêt de Meudon, fut mis à sa disposition, et la pelouse tracée aux dimensions du stade de Wembley. Le lendemain, l’équipe hongroise y affronta les amateurs du C.O.Billancourt, le petit club de la Ligue de Paris où joua Sebes dans son jeune temps. L’objectif du sélectionneur hongrois était de faire en sorte que ses joueurs gardent l’habitude de marquer des buts. Devant 3.000 spectateurs émerveillés, les Magyars remportèrent la rencontre 18-1.
Le dimanche, trois jours avant le match, la délégation traversa la Manche puis fut accueillie à Victoria Station par quelques deux mille anglais aussi curieux qu’enthousiastes. L’équipe fut ensuite installée au Cumberland Hôtel où rôdait nombre de journalistes et de photographes, attentions à l’époque plutôt rares envers des footballeurs étrangers. Le lundi, Gusztáv Sebes dirigea le premier entraînement de son équipe à Craven Cottage, le stade de Fulham. Un jeune joueur local les suivit avec attention, un certain Bobby Robson : "La première chose qui m’a frappé lors de cette séance d’entrainement, c’est le les Hongrois avaient chacun un ballon. Nous, si on en avait demandé un, le coach nous aurait répondu qu’on en aurait un le jour du match."
L’Angleterre, de son coté, n’avait pas trop d’inquiétudes sur l’issue du match. Le onze de Walter Winterbottom avait pourtant été rudement mis à l’épreuve le mois précédent par une sélection du Reste du Monde qui lui arracha un spectaculaire score nul : 4-4. Mais la Hongrie, si elle suscita la curiosité, n’inquiétait pas grand monde, à l’image de ce chroniqueur du Evening News : "N’oublions pas que les Hongrois sont des amateurs, alors que nos joueurs sont des professionnels qui s’entraînent tous les jours. Nous devrions l’emporter 3-1"
Le matin du match, les Hongrois vont se promener à Hyde Park, avant de prendre leur collation à dix heures et demi. Le début du match est prévu à 14 heures 15. Leur inquiétude reste très mesurée. Le capitaine Ferenc Puskás déclare crânement : "Nous pouvons gagner si nous savons tirer parti de notre plus grande vitesse et si nous tenons bon pendant une heure et demi". Depuis le titre olympique, le onze hongrois n’a quasiment pas changé. Entre les héros d’Helsinki et le onze de Wembley, seul Budai a remplacé Palotas comme arrière droit. A l’heure du match, il fait un temps froid et brumeux au dessus de Londres. Tandis que la Royal Air Force tente de distraire les cent mille spectateurs de l’Empire Stadium, les joueurs hongrois échangent quelques ballons sous les yeux de Bobby Robson : "On les a vu venir s’échauffer et frapper au but. Un type à coté de moi s’est esclaffé : Ils vont être sur les genoux avant même que ça commence, pensait-il. A cette époque, aucune équipe chez nous ne s’échauffait..."
A 14 heures, les deux équipes entrent sur le terrain. Billy Wright, le capitaine de l’équipe anglaise, raconte : "Lorsque nous avons pénétré sur la pelouse de Wembley cette après-midi-là, aux côtés de nos adversaires, j’ai regardé le sol et j’ai remarqué que les Hongrois avaient des crampons étranges et légers, découpés comme des chaussons au niveau de la cheville. Je me suis retourné vers Stan Mortenson et je lui ai dit : ’Ça devrait aller, Stan, ils n’ont même pas l’équipement adéquat’".
Il se dit même qu’à l’échauffement, un autre joueur aurait observé Ferenc Puskás et rigolé avec ses coéquipiers : "Regardez le petit gros là-bas. On va les massacrer". Dès la première minute de jeu, Nándor Hidegkúti trouve le chemin des filets adverses. L’attaquant du MTK Hungária récupère un ballon de József Bozsik et s’en va tromper Gil Merrick de l’entrée de la surface de réparation. Malgré cette entame plutôt manquée, les Anglais réagissent dès la 13’minute de jeu par l’intermédiaire de Jackie Sewell. Bien lancé par Stan Mortensen, le joueur de Sheffield Wednesday ajuste Grosics d’une frappe croisée. Un répit de courte durée. A la 20’minute, Hidegkúti marque son deuxième but. C’est alors qu’un silence de plomb s’abat sur Wembley. La foule semble avoir compris, avant ses joueurs, que le "Match du Siècle" ne serait finalement qu’un cavalier seul hongrois. Il ne lui restait plus qu’à admirer cette formidable équipe magyare, l’élégance de Kocsis, la vitesse de Puskás, la promptitude de Czibor, la finesse de Bozsik, l’efficacité de Hidegkúti... "C’était effrayant, plaidera Billy Wright. Ils faisaient des choses avec la balle que nous n’avions jamais vu auparavant. Et nous, nous étions là, impuissants... »
Trois minutes à peine, puis Puskás alourdit la marque d’un superbe but : Un centre de Czibor trouve le Major Galopant au second poteau. D’un superbe geste technique (un « rateau » dirait-on aujourd’hui), ce dernier se débarrasse de Wright et ajuste le gardien anglais. "Il pensait que j’allais prendre l’intérieur", déclara par la suite Puskás. "Si je l’avais fait, il m’aurait expédié, le ballon et moi, hors du terrain et dans les tribunes. J’ai donc ramené le ballon de mon crampon gauche et je l’ai envoyé au fond des filets". Ce but permit à Puskás d’acquérir une notoriété internationale. Le commentateur radio hongrois György Szepesi suggéra que l’on installe une plaque à Wembley afin de commémorer ce râteau. Dans le Times, Geoffrey Green, décrivit Wright était comme "une pompe à incendie allant au mauvais feu". Les Anglais chancellent et les choses empirent encore lorsqu’un coup franc de József Bozsik trouve Puskás, lequel trompe à nouveau l’infortuné Merrick. Stan Mortenson réduit le score avant la pause. 4-2 à la mi-temps, l’Angleterre semble s’acheminer vers sa première défaite à domicile face à une nation du continent.