L’Ajax d’Amsterdam, le plus prolifique des clubs formateursLa formation française ne s’est jamais trouvée autant menacée par les départs prématurés de ses plus jeunes talents. Les clubs hésitant à donner pleinement leur chance aux très jeunes joueurs qu’ils ont formés. Décryptons les résultats de la politique de formation de l’Ajax d’Amsterdam, modèle en la matière.
Aucun autre club européen de très haut niveau ne peut se targuer de miser autant sur la politique de formation dans l’optique de bâtir une équipe compétitive. Les grands noms issus du centre de formation du club ne manquent pas: Kluivert, Bergkamp, Seedorf, Van Basten, sans oublier l’inévitable Johan Cruijff, pour ne citer qu’eux.
Malgré le fait qu’à chaque équipe de jeunes corresponde un entraîneur, le style de jeu adopté est sensiblement le même à tous les niveaux, à savoir une organisation en 4-3-3 résolument tournée vers l’offensive. Cela semble être l’idéal afin de donner au club une identité qui lui est propre, à laquelle les joueurs peuvent s’identifier et à même de donner envie aux jeunes de rendre à leur club formateur ce que celui-ci leur a apporté en honorant leurs contrats jusqu’à leurs termes. Dans le cas de l’Ajax, on ne peut nier les résultats de cette politique: 29 titres de champion, soit 10 de plus que l’éternel rival, le PSV Eindhoven, et 16 coupes nationales.
Cette politique de formation trouve son apogée le 24 mai 1995, lors de la finale de la Ligue des Champions disputée à Vienne face au Milan AC. L’Ajax l’emporte 1-0 sur un but de Kluivert à la 85ème, mais le plus important n’est peut-être pas la victoire en elle-même: en effet, sur les 13 joueurs utilisés par Louis Van Gaal lors de cette finale, pas moins de 10 sont issus du centre de formation du club, une proportion rarement observée à ce niveau de la compétition. Depuis, l’Ajax a plus de difficultés à exister sur la scène continentale, mais le club est toujours unanimement reconnu pour la qualité de sa formation.
Aujourd’hui encore, la moitié des titulaires alignés par l’Ajax est régulièrement formée au club. Lors de la dernière Coupe du Monde, neuf joueurs formés à l’Ajax figuraient sur la liste de Marco Van Basten, deux d’entre eux (Babel et Maduro) étant éligibles pour le titre de meilleur jeune.
Bien sûr, cet investissement a un coût: environ 15% du budget du club est consacré à la formation, dont le centre est aujourd’hui dirigé par l’ancien capitaine emblématique Danny Blind. Mais aujourd’hui plus que jamais, alors qu’acheter des stars à coup de millions ne garantit pas les résultats, former un joueur pendant plusieurs années est peut-être le meilleur moyen de voir la réalité coller aux attentes d’un club.
Dans l’actuelle Ligue 1, certains ont déjà intégré cette notion, d’autres commencent à la prendre en compte. On a ainsi vu le PSG de Lacombe puis de Le Guen donner leur chance à de jeunes joueurs formés au club dont on ne doute pas qu’ils vont "mouiller le maillot". Résultat: Chantôme est aujourd’hui international espoir. Nasri vient de revêtir le maillot de l’équipe de France. Il n’est pourtant pas un de ces joueurs sur lesquels l’O.M.a investi des millions, mais bel et bien un jeune formé au club.
Les illustrations similaires ne manquent pas et tendent à confirmer ceci: le modèle développé par l’Ajax est sans doute un exemple à suivre pour de nombreux clubs, autant sur le plan économique que sportif. Ce n’est pas Guy Roux et l’AJ Auxerre qui diront le contraire...